Le rapport de prospective de l’ISO met en lumière les tendances mondiales qui, dans de nombreux secteurs, orienteront la prise de décisions stratégiques pour un avenir meilleur. À partir de ces éléments de prospective, l’ISO examine certains des domaines potentiels de normalisation. Dans une série d’articles, nous analysons avec les meilleurs spécialistes quelques-unes de ces tendances mondiales critiques.
Les populations vieillissent dans la plupart des pays, et rien ne laisse augurer une inversion de la tendance. Entre 2015 et 2050, la population mondiale des plus de 60 ans devrait presque doubler, passant de 12 % à 22 %. Le phénomène est planétaire, et si ce vieillissement de la population a d’abord marqué l’Europe, d’ici le milieu du siècle, ce sera dans les pays en développement que, pour l’essentiel, le nombre de personnes âgées progressera le plus.
Le vieillissement des populations résulte de nombreux facteurs qui méritent d’être soulignés : baisse de la mortalité infantile, meilleur accès aux soins de santé et déclin des décès dus aux maladies infectieuses. Dans de nombreux pays, l’espérance de vie a augmenté avec le développement économique. Une part importante de la population atteint désormais l’âge de la retraite, et la nouvelle génération qui entre dans la population active a accès à de meilleures opportunités et à de meilleurs emplois. La jonction entre ces deux tendances pose un ensemble unique de défis, mais ouvre aussi des possibilités.
Les enjeux économiques
Les aînés apportent une importante contribution à leur famille, leur communauté et à la société en général. Cependant, un trop grand nombre de retraités dans la population d’un pays peut potentiellement représenter un défi économique, car les systèmes publics y seront mis à rude épreuve.
Étant donné que le nombre de personnes atteignant l’âge de travailler devrait diminuer considérablement dans les années à venir, de nombreux pays se trouvent confrontés à une baisse du « taux de dépendance » (soit le rapport entre la population active et les retraités), qui accroit la pression économique sur les actifs.
Cette évolution démographique conduira peut-être à repenser la nature du travail, notamment la formation et les compétences, afin que les personnes puissent rester actives et contribuer plus longtemps au marché du travail. Avec l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé des travailleurs, les employeurs saisissant mieux la valeur unique que constituent les séniors, davantage de personnes resteront plus longtemps dans la population active, ce qui représente une opportunité économique sans précédent pour les sociétés. Ces tendances démographiques sont également susceptibles d’entraîner des changements dans la gestion des soins de santé et des services sociaux, et dans la conception d’environnements « plus adaptés aux besoins des personnes âgées ». Il sera de plus en plus nécessaire de disposer de Normes internationales pour soutenir le développement et le déploiement d’innovations et de technologies ; il faudra des lignes directrices pour des lieux de travail plus inclusifs et de nouveaux outils de surveillance de la santé qui permettront aux personnes âgées de conserver une vie active et épanouissante, et d’apporter leurs contributions à la société.
Les employeurs doivent être attentifs à cette nouvelle main-d’œuvre multigénérationnelle.
Nouvelles générations
Alors que les pays sont aux prises avec le vieillissement de leur population, une nouvelle génération entre dans le monde du travail et le remodèle. On dénombre dans certains cas, jusqu’à cinq générations dans la population active. Et les besoins et les attentes changent, car les anciens systèmes ne sont plus applicables.
Les jeunes de toutes les régions vivent, étudient et travaillent de plus en plus en ligne, et sont donc plus connectés que jamais. Généralement perçus comme politiquement engagés avant même d’entrer dans la vie active, ils ont des opinions très arrêtées sur des questions telles que le changement climatique et la justice sociale.
À mesure que cette jeune génération instruite, idéaliste et technophile rejoint la population active – en particulier dans le contexte d’économies secouées par une succession de crises – elle a le potentiel d’aider à orienter le monde du travail vers un avenir meilleur pour tous. Les employeurs doivent être attentifs à l’évolution des besoins, des préférences et des habitudes de cette nouvelle main-d’œuvre multigénérationnelle afin de maximiser les compétences et le potentiel de tous les salariés.
Des normes pour des sociétés en évolution
Ces tendances générationnelles et ces changements démographiques représentent à la fois des défis et d’importantes opportunités pour la société dans son ensemble. Le comité technique ISO/TC 314, dont les activités sont axées sur le vieillissement de la population, a attiré l’attention sur la nécessité d’établir de nouvelles normes couvrant des domaines tels que les lieux de travail adaptés aux personnes âgées, les principes de conception universelle, les communautés inclusives accueillant des personnes atteintes de démence, la connectivité sociale et les communautés multigénérationnelles. En fin de compte, toutes les générations, y compris les jeunes, seront les moteurs du changement et de l’innovation dans les années à venir, et il est donc essentiel de les faire participer dès maintenant au processus de normalisation.
Bon nombre de ces sujets sont déjà en discussion, mais il faut faire davantage pour devancer les tendances et présenter des solutions créatives pour façonner le monde de demain. Après tout, nous vieillissons tous et avons intérêt à construire l’avenir qui correspond à nos vœux.
À propos des autrices
Britta Berge est la Présidente du comité technique ISO/TC 314 sur le vieillissement de la population.
Anne Livingstone, représentante de l’Australie au sein de l’ISO/TC 314, est l’Animatrice du groupe d’étude sur les communications.