Des transformations sociétales appelées à façonner notre avenir

Dans un monde en pleine mutation, les normes doivent s’adapter pour pouvoir continuer de répondre aux besoins de la société et de préparer un avenir plus durable.

Lu en quelques minutes
Par Clare Naden
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Bien que notre monde n’évolue sans doute pas à un rythme aussi rapide qu’on pourrait le penser, les lieux où nous vivons sont quelque peu différents de ce qu’ils étaient il y a quelques années encore. Nous sommes plus nombreux, plus « mondialisés », et nous avons davantage de décisions d’achat complexes à prendre. Nous attendons des entreprises qu’elles agissent de manière responsable et des dirigeants qu’ils fassent preuve d’intégrité pour une planète plus verte. Nous voulons mieux contrôler nos vies, mais pas au détriment de notre vie privée. 

Dendrobat with red back and blue legs sitting on a stone,

Par ailleurs, nous ne rajeunissons pas. D’ici 2050, le nombre de personnes de 65 ans ou plus devrait doubler pour atteindre 1,5 milliard, soit 16 % de la population mondiale.[1] Cela modifiera radicalement le mode de fonctionnement de la société et de l’économie et perturbera l’équilibre de la main-d’œuvre. La manière dont les personnes âgées s’épanouissent, l’âge de leur départ à la retraite et leur qualité de vie par la suite sont des considérations relativement nouvelles mais d’une grande importance.

Le vieillissement de la population est un problème réel et de plus en plus préoccupant pour nombre de gouvernements et de prestataires communautaires, car il impose des exigences accrues dans des domaines tels que les soins de santé, la sécurité sociale, l’accessibilité et la sécurité. En attendant, la jeune génération est consciente qu’il lui faudra un jour endosser cette responsabilité et se mobilise donc en faveur d’un monde meilleur. C’est-à-dire d’un monde où les pouvoirs publics s’intéressent plus aux gens qu’aux profits et où la durabilité de nos modes de vie est assurée.

Vivre en ville 

En même temps, nous nous déplaçons en permanence, principalement dans de vastes zones urbaines. Le nombre de citadins est passé de 751 millions en 1950 à 4,2 milliards en 2018 et devrait atteindre 6,7 milliards en 2050[2] ; dans ce contexte, c’est un défi permanent de répondre aux besoins actuels des villes et d’anticiper leurs besoins futurs.

Les villes se trouvent dans l’obligation de recourir à une planification très en amont pour fournir les ressources et les services nécessaires à leurs habitants et leur permettre ainsi de survivre et de prospérer. Les transports publics, les équipements, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, l’énergie, l’alimentation et la sécurité sont quelques-uns des points de tension qui continueront d’être remis en question par l’urbanisation croissante. 

  1. World Population Ageing 2019 – Highlights, Nations Unies: New York, 2019
  2. The Deloitte Global 2021 Millennial and Gen Z Survey [consulté en ligne]

Le comportement des consommateurs a évolué de manière spectaculaire ces dernières années

Solar panels and wind turbine in a snowy landscape against a bright blue winter sky.

L’évolution de la consommation 

Nous achetons en outre davantage et différemment. Du fait de l’élargissement de la gamme des produits à acheter et de la multiplication des moyens de les acquérir, le comportement des consommateurs a évolué de manière spectaculaire ces dernières années. L’incroyable complexité des chaînes d’approvisionnement a suscité la préoccupation des consommateurs, qui se demandent où va leur argent et ce qu’ils obtiennent en échange. La transparence, la traçabilité, des services personnalisés et des opérations connectées ne sont que quelques-unes de leurs attentes[1], et les acheteurs sont beaucoup plus enclins à changer de marque, soit pour faire une meilleure affaire, soit pour être plus en accord avec leurs valeurs

Les consommateurs sont des partenaires essentiels qui contribuent à influer durablement sur nos chaînes d’approvisionnement. La Présidente du Comité de l’ISO pour la politique en matière de consommation (COPOLCO), Sadie Dainton, estime que les consommateurs sont de plus en plus conscients que leur mode de vie et leurs décisions d’achat à titre individuel ont un impact collectif à l’échelle mondiale et contribuent à accentuer le besoin d’outils leurs permettant de faire des choix éclairés – comme une action parmi d’autres – pour apporter des changements

Le rôle des normes à cet égard n’a jamais été aussi évident. « La généralisation de l’utilisation des médias sociaux, des plateformes de partage et des commentaires en ligne a favorisé cette tendance et engendré de nouvelles idées pour les propositions de normes ainsi que la promotion d’une consommation durable », précise-t-elle. La nécessité de bien connaître les clients est toujours autant d’actualité et, compte tenu de l’évolution rapide de leur comportement, il importe que les normes gardent toujours une longueur d’avance. 

Nouvelles attentes, nouvelles normes 

La création d’un nouveau comité technique ISO chargé d’élaborer des normes relatives à l’économie du partage en est un exemple. L’économie du partage, qui est l’un des secteurs économiques connaissant actuellement la plus forte croissance, est en train de transformer les modes de consommation traditionnels. Avec les milliers de plateformes différentes qui lui sont consacrées, cette approche collaborative découle, au moins en partie, de la volonté de créer des communautés et de réduire la surconsommation. Cela a pour effet de responsabiliser plus que jamais les consommateurs, qui doivent décider de la manière dont ils recherchent, achètent, expérimentent et évaluent les produits, qu’il s’agisse de voitures, de vêtements, de logements ou d’hôtels. Si c’est une excellente nouvelle pour les consommateurs, cela ne va pas sans poser néanmoins certains problèmes concernant par exemple la protection de la vie privée, la fiabilité ou les conditions de travail.

Le nouveau comité ISO/TC 324, Économie du partage, a été créé pour résoudre ces problèmes et permettre au secteur de réaliser son plein potentiel en matière de valeur ajoutée. Le Président du comité, M. Masaaki Mochimaru, estime que les normes peuvent à la fois accentuer les aspects positifs de l’économie du partage et réduire les risques et les problèmes. « Pour un organisme, l’un des principaux avantages de ce nouveau modèle d’activité réside dans l’exploitation efficace des ressources inutilisées », déclare-t-il avec beaucoup d’enthousiasme. « En revanche, il existe des risques potentiels liés à la transparence et à la responsabilisation, à la sûreté et à la sécurité et à d’autres questions telles que la protection des travailleurs et la gestion des plateformes. Dans tous ces domaines, les normes peuvent se révéler utiles. » 

  1. What Are Customer Expectations, and How Have They Changed? [consulté en ligne]
Close-up shot of a rhinoceros head.

Appel aux consommateurs

Pour les consommateurs, la transparence et la responsabilisation sont aussi des éléments clés d’un choix informé, qui suscitent une demande croissante. Là encore, les normes peuvent imposer un certain ordre et proposer certaines méthodes, en confirmant que les produits et services sont bien ce qu’ils prétendent être. Cela comprend des normes relatives aux avis en ligne, à l’étiquetage et aux assertions, qui, correctement appliquées, réduisent le risque de diffusion d’informations trompeuses et contribuent à rendre crédibles, précises, éthiques et vérifiables les informations fournies aux consommateurs.

« L’urgence climatique qui se fait toujours sentir et, plus récemment, la pandémie de COVID-19 ont mis en évidence nombre de ces problèmes et devraient continuer de le faire au cours de la prochaine décennie », ajoute Mme Cristina Draghici, Secrétaire du COPOLCO. « L’intérêt du système de l’ISO réside dans sa capacité de rassembler toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs, lesquelles disposent de toute une série d’expériences, d’ensembles de connaissances et de points de vue pour en tirer les meilleures pratiques et solutions, approuvées d’un commun accord. »

Mme Draghici est également convaincue qu’il sera essentiel de pouvoir compter sur une participation accrue des pays en développement au cours des dix prochaines années, en particulier s’agissant des jeunes consommateurs dont l’influence sera décisive si l’on entend parvenir à la neutralité carbone. Il en résultera de nouvelles demandes engendrant des changements qui auront sans conteste des effets importants.

Enseignements à tirer des facteurs de changement

Mais qu’est-ce que cela signifie pour l’ISO ? Compte tenu de l’évolution démographique, de l’urbanisation croissante et des conséquences du réchauffement climatique, notre avenir s’annonce peu rassurant. Ce contexte intrinsèquement complexe suppose que l’on procède à un changement d’orientation pour l’humanité, tout en apprenant comment devenir plus agile et mieux adapté à un environnement en constante évolution. Ce n’est pas une mince affaire, et c’est même une tâche ardue lorsqu’il s’agit d’établir le plan stratégique de l’Organisation pour l’année à venir, et à plus forte raison pour la prochaine décennie. 

L’évolution des attentes de la société influe inévitablement sur la façon dont l’ISO mène aujourd’hui son action – et sur la façon dont elle la mènera en 2030 – afin de faire en sorte que la normalisation puisse répondre du mieux possible à ces besoins. Il s’agit en particulier des demandes, plus pressantes que jamais, en faveur d’une plus grande transparence et d’une participation accrue de tous les intéressés. En conséquence, l’ISO a intensifié – et continuera d’intensifier – sa collaboration avec d’autres organisations telles que les associations professionnelles et les organismes de normalisation.

Prenons l’exemple du COPOLCO. « Notre champ d’action s’est élargi et notre collaboration avec d’autres organisations n’a jamais été aussi active », fait observer Mme Draghici. « Ainsi, nous avons renforcé nos liens avec la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) afin de faire mieux connaître les normes relatives à la protection des consommateurs et de s’assurer qu’elles sont conformes à bon nombre des 17 Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies et qu’elles contribuent à leur réalisation. »

L’évolution des attentes de la société influe inévitablement sur la façon dont l’ISO mène aujourd’hui son action. 

À l’écoute de toutes les voix

Une pression croissante s’exerce en faveur de la prise en compte des points de vue dignes d’intérêt dans le processus de normalisation. Les utilisateurs des normes, par exemple, ont plus que jamais leur mot à dire. Cela se manifeste sous différentes formes, mais on peut évoquer en particulier les travaux actuellement menés au sujet d’ISO 9001, la célèbre norme de l’ISO relative aux systèmes de management de la qualité et l’une des Normes internationales les plus reconnues et les plus largement utilisées dans le monde.

En prévision de son examen quinquennal, le comité technique chargé de l’élaboration et de la révision d’ISO 9001 a décidé de mener des consultations au-delà de son groupe habituel d’experts pour en savoir davantage sur ce qui importe le plus aux utilisateurs actuels et potentiels de cette norme. À cet effet, il a lancé, dans 14 langues différentes, une enquête internationale en ligne qui s’est déroulée sur plusieurs mois en 2020. Il en est ressorti qu’une révision de la norme n’était pas nécessaire et que l’édition en vigueur conservait toute sa valeur auprès de ceux qui mettent en œuvre la norme.

La promotion d’une plus grande diversité d’opinions suppose que l’on tienne compte des points de vue de nombreuses personnes, indépendamment de leur sexe, de leur race ou de leur religion. L’égalité des sexes, par exemple, est un facteur de transformation de la société et a été définie comme un objectif par de nombreux organismes et dans le cadre de nombreuses initiatives ; c’est notamment le cas de l’ODD n°5 des Nations Unies, qui vise à autonomiser toutes les femmes et les filles. Constatant l’importance de la contribution des Normes internationales aux questions de parité entre les sexes, l’ISO a lancé un projet ambitieux destiné à évaluer et à mieux comprendre la représentation de chaque sexe au sein de l’Organisation ainsi que les implications des différences hommes-femmes dans les normes, ainsi qu’à s’assurer que les activités de l’ISO comportent une forte dimension « hommes-femmes ».

S’adapter aux besoins du marché

Si le contenu et la participation sont essentiels, le rythme auquel les normes doivent être élaborées l’est tout autant. Alors que le monde se transforme, l’élaboration des normes doit suivre la même dynamique. Des travaux sont donc en cours pour améliorer et accélérer l’ensemble des processus, notamment en mettant à profit la possibilité d’élaborer une norme entièrement en ligne. Cela implique un nouveau processus virtuel d’élaboration des normes sans réunion physique ni organisation traditionnelle en comités ISO, ainsi que la possibilité de procéder beaucoup plus vite et de manière plus efficace par rapport au coût, sans compromettre la qualité.

Cette capacité de réaction s’est pleinement révélée en mars 2020 lorsque la COVID-19 a interrompu les voyages. N’étant plus en mesure de tenir des réunions de comité en présentiel, l’ISO a mis en ligne, littéralement du jour au lendemain, l’ensemble du processus normatif. Plus de deux mille réunions physiques qui devaient se tenir de la mi-mars à la fin du mois d’août ont rapidement adopté un format virtuel. Estimant que ce nouveau mode de fonctionnement pourrait s’avérer nécessaire pendant un certain temps encore, l’ISO a mis en place un outil en ligne permettant aux comités techniques de planifier facilement leurs réunions virtuelles, compte tenu des fuseaux horaires et des emplacements géographiques. Les réactions n’ont jamais été aussi positives, les membres des comités évoquant des réunions particulièrement efficaces et productives, donnant lieu à une participation accrue. Les divers acteurs de la normalisation ont également félicité l’ISO de la réactivité dont elle a fait preuve pour répondre à leurs besoins les plus immédiats.

Mais ce n’est qu’un début, et il reste beaucoup à faire. C’est pourquoi la nouvelle Stratégie de l’ISO 2030 est un document évolutif, dynamique et non figé qui se nourrit des apports de ses destinataires, à savoir les membres, les utilisateurs des normes et le monde dans son ensemble. Les vieilles photos en noir et blanc d’hommes sérieux en costume ont été remisées au grenier et laissent place à la jeunesse, à l’énergie, au dynamisme et à l’espoir. L’histoire au sens traditionnel a été remplacée par un récit nouveau – récit que tous les habitants du globe écriront ensemble.

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