Promouvoir une culture de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle présente de nombreux atouts majeurs pour la société. Afin d’en bénéficier, l’élaboration d’une norme de système de management semble aujourd’hui indispensable.

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Selon PwC, l’intelligence artificielle (IA) devrait améliorer de 40 % l’efficacité des entreprises d’ici 2035, soit une plus-value de USD 14 000 milliards pour le PIB mondial à l’horizon 2030. Cette technologie s’impose ainsi comme la plus importante opportunité commerciale dans un climat économique très dynamique, tout en améliorant le quotidien de milliards d’individus.

Mais pour exploiter à sa juste valeur le potentiel de l’IA, les leaders doivent adopter un nouvel état d’esprit. « Il est clair que nous devons instaurer des normes mondiales pour utiliser l’IA de façon responsable et en tirer pleinement parti », explique Jason Matusow, de Microsoft. Et ces normes, pour être utiles, devront selon lui englober aussi bien les transactions avec les consommateurs qu’entre les entreprises elles-mêmes.

Directeur général du Groupe de la normalisation d’entreprise chez Microsoft, M. Matusow estime que l’élaboration et l’adoption de Normes internationales en matière d’IA permettront de mettre en place des solutions efficaces et fiables qui renforceront la confiance des consommateurs, des entreprises et des organismes de réglementation. « En favorisant le progrès humain, l’IA va multiplier les opportunités dans tous les secteurs d’activité », se réjouit-il. « Notre quotidien à tous en sera amélioré. »

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Une ère résolument numérique

Plus aucune région du monde n’échappe aujourd’hui à la transformation numérique. Et les nouvelles capacités de conversion des données accélèrent encore davantage cette « digitalisation » massive. Un nouveau rapport du Forum économique mondial indique d’ailleurs que, d’ici 2022, 60 % du PIB mondial proviendra du numérique. Ce même rapport souligne que, dans trois ans à peine, il sera « très difficile de faire la distinction entre économie « classique » et économie numérique, et entre société « classique » et société numérique ».

L’IA rythme notre quotidien. Elle a conquis toutes les sphères de la société, aidant à créer de nouveaux modèles commerciaux dans l’aéronautique et la finance, ou encore à améliorer la circulation dans les villes connectées. De simples chiffres ne suffisent pas à rendre compte des avantages qu’elle apporte aux populations et aux personnes. Toutefois, derrière le potentiel de transformation manifeste de l’IA se cachent des risques liés à des pratiques dangereuses ou contraires à l’éthique.

La cybersécurité, le respect de la vie privée et la gouvernance des données sont des éléments essentiels d’une IA responsable. Cette exigence a d’ailleurs été soulignée dans l’Agenda de Davos organisé par le Forum économique mondial pour encourager un leadership responsable en matière d’IA. La plateforme met en exergue les mesures prises à l’échelle internationale pour résoudre ces problématiques et explique en quoi l’absence de consensus mondial constitue un frein à l’essor et au potentiel de ces technologies.

L’impact de l’IA sera toujours mesuré en termes humains.

Une confiance indispensable

De nombreux experts en IA s’accordent à dire que l’instauration d’un climat de confiance profitera à tous les secteurs d’activité. À cet égard, ils préconisent une normalisation « responsable » de l’IA. Ce projet est porté par le sous-comité SC 42, Intelligence artificielle, dont l’objectif ultime est de créer une société d’IA éthique. Sous la responsabilité du comité technique mixte ISO/IEC JTC 1 de l’ISO et de la Commission électrotechnique internationale (IEC) en charge des technologies de l’information, le groupe d’experts en IA œuvre à l’élaboration d’une norme révolutionnaire qui, si elle est acceptée, offrira au monde un nouveau modèle de référence pour la mise en place d’une culture orientée IA. Cette approche fondée sur un système de management fournira des contrôles spécifiques, des schémas d’audit et des lignes directrices tenant compte des nouvelles lois et réglementations, ainsi que des besoins des parties prenantes.

Mais la route est encore longue. En se basant sur les taux d’adoption actuels de l’IA, l’AI Now Institute de l’Université de New York indique que l’Amérique du Nord, l’Europe et la Chine récolteront à elles seules environ 80 % des bénéfices économiques de l’IA, ne laissant que 20 % des retombées aux deux tiers restants de la population mondiale. Si cette tendance venait à se confirmer, nous passerions à côté d’une occasion incroyable d’améliorer drastiquement le quotidien de milliards d’individus et, par ricochet, l’état du monde.

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Un timing parfait

Il est plus que jamais temps d’élaborer des Normes internationales dans le domaine de l’IA. Jusqu’à récemment, l’IA était réservée à des problématiques de grande envergure que les méthodes traditionnelles ne parvenaient pas à résoudre. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Avec l’augmentation exponentielle des demandes de systèmes d’IA au cours des dernières années, cette technologie de pointe est en train de se démocratiser. Toutefois, les obstacles à son adoption à grande échelle et le besoin pressant de consensus mondial sont la preuve que l’écosystème est prêt pour la normalisation.

Pour Wael William Diab, Président du sous-comité SC 42, les normes vont agir comme le catalyseur d’une culture orientée IA et de la transition numérique. « Bien qu’il n’existe pas de recette miracle pour exploiter tout le potentiel de l’IA et de la transformation numérique, l’importance de la normalisation ne doit pas être sous-estimée », affirme-t-il. M. Diab précise d’ailleurs que l’approche adoptée tiendra compte de tous les composants de l’écosystème de l’IA. « Établir une norme de système de management est un élément central de notre stratégie, qui vise à l’amélioration continue des systèmes. »

Dans un effort commun pour répondre à l’évolution rapide des exigences du secteur, l’ISO et l’IEC travaillent à l’échelle de l’écosystème pour accélérer l’adoption de l’IA tout en s’efforçant de relever les défis en matière d’équité, de responsabilité et d’éthique.

L’IA rythme notre quotidien.

Ces normes donnent un modèle à suivre pour mettre en place et utiliser un système de management. Apprenez-en plus sur leur fonctionnement et leur application.

Un système de management comme fer de lance

La collaboration est essentielle pour veiller à ce que les normes tiennent compte des cas d’usage concrets de l’IA au sein des organisations et en évaluer les risques par rapport à la réalité commerciale. « L’ISO et l’IEC proposent des collaborations multilatérales qui peuvent maximiser encore davantage les bénéfices de l’IA. En faisant tomber les obstacles à l’adoption de cette technologie, les normes s’attaquent en même temps et de manière proactive aux défis sociétaux actuels », explique M. Diab. « Le sous-comité SC 42 mise sur la variété de ses parties prenantes pour élaborer des normes plus efficaces et encourager ainsi l’essor de l’IA. »

Seule une approche axée sur les besoins semble ici envisageable. Pour M. Diab, « elle seule pourra venir à bout de l’un des défis majeurs du 21e siècle en matière de gouvernance ». Les normes peuvent jouer un rôle déterminant dans la mise à disposition généralisée d’une IA responsable. Une norme de système de management peut notamment établir des socles communs et des cadres de management du risque pour les entreprises, les pouvoirs publics et d’autres organismes.

Sous l’égide d’un tel système de management, les technologies de l’IA pourront :

  • Permettre aux organisations d’aligner leurs travaux en temps réel sur les exigences réglementaires et sociétales couvertes par la norme
  • Être un gage de confiance dans le cadre des transactions entre entreprises
  • Établir une base de référence utilisable lors d’audits et/ou de tests de conformité

M. Diab explique en outre que l’approche fondée sur l’écosystème du sous-comité SC 42, dont la norme de système de management est un élément central, va permettre aux parties prenantes de tous horizons d’élaborer leur propre cadre. Et selon cet éminent spécialiste mondial de l’IA, ce cadre sera le passeport pour accéder à tous les bénéfices de l’IA. « Les nouvelles normes telles que la norme de système de management vont plus loin encore en abordant les préoccupations liées à la confiance et en centralisant l’ensemble des travaux. »

Passer de l’incertitude aux certitudes

L’inquiétude autour d’une IA qui colonise chaque jour un peu plus nos industries et notre quotidien nous oblige à veiller à ce que la technologie soit utilisée de manière éthique dans l’intérêt mondial commun. Jason Matusow, de Microsoft, fait le même constat : « Il est essentiel pour nous, en tant que fournisseur de plateformes, de voir le bénéfice économique pour nos clients l’emporter sur le bénéfice économique pour notre entreprise. Les travaux menés par le sous-comité SC 42 vont favoriser le développement d’un marché ouvert et profitable à tous. » De fait, si les normes relatives à l’IA suivent la même approche cohérente et axée sur les risques que celle déjà appliquée en matière de cybersécurité et de protection de la vie privée, toutes les parties prenantes en récolteront les fruits.

L’impact de l’IA sera toujours mesuré en termes humains, notamment sur l’amélioration de la vie des gens, et l’ISO et l’IEC continueront à œuvrer pour créer des normes au service de l’intérêt mondial. La technologie fait partie intégrante de notre quotidien, et il convient de protéger l’IA des manœuvres frauduleuses, qu’elles soient délibérées ou non, afin de préserver les droits individuels, la sécurité des personnes et le bien-être de la société.

L’opportunité tout comme le défi consistent à utiliser efficacement le processus de normalisation pour promouvoir, développer et libérer le potentiel d’une IA responsable, en favorisant la croissance des entreprises, en améliorant les services et en protégeant les consommateurs. Le travail du sous-comité SC 42 est essentiel en cela qu’il participe à façonner un avenir plus sûr et interconnecté dans lequel nous pouvons avoir confiance.

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