Partenaires pour la santé

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Mots clés : Médical
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De grands progrès ont été accomplis dans certains pays en matière de couverture sanitaire universelle, mais la moitié de la population mondiale ne peut toujours pas obtenir les services de santé dont elle a besoin. La collaboration de l’ISO avec l’Organisation mondiale de la Santé s’emploie à faire évoluer les choses.

La santé devrait être un droit humain universel, mais trop souvent elle est dictée par des contextes sociaux et géographiques. La santé et le bien-être mondial sont du ressort de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), autorité directrice et coordonnatrice dans le domaine de la santé au sein du système des Nations Unies. Créée pour dispenser les conseils et les connaissances nécessaires aux personnes pour vivre en bonne santé, l’OMS assure le leadership dans les domaines essentiels pour la santé et établit des partenariats lorsqu’une action conjointe est nécessaire. Cette vocation à l’amélioration de la santé dans le monde, principe directeur de l’Organisation depuis sept décennies, est l’élément moteur de sa démarche en faveur de l’instauration d’une couverture sanitaire universelle (CSU).

La santé est un domaine qui nécessite l’engagement d’une multitude de personnes. Les décideurs, la société civile, les acteurs mondiaux du secteur et même les normalisateurs y sont impliqués. L’ISO entretient une solide collaboration avec l’OMS depuis de nombreuses années. Pour élaborer des normes d’intérêt mutuel, près d’une soixantaine de liaisons sont établies entre l’OMS et des comités techniques ISO. Les deux organisations reconnaissent l’importance de veiller à ce que des normes sanitaires soient en place partout dans le monde, afin de contribuer à notre bien-être au niveau mondial et de créer les meilleures conditions possibles pour que les professionnels de la santé fassent leur travail.

L’objectif de ces partenariats est de mettre à profit les activités internationales qui contribuent à la « confection » et à l’adoption de Normes internationales ISO pour les systèmes de santé dans tous types de secteurs, de la santé publique et des produits médicaux, à l’informatique de santé et aux médecines traditionnelles. À une époque où l’on constate de manière inquiétante l’accroissement des écarts dans le domaine de la santé dans le monde, ISOfocus a interrogé François-Xavier Lery, Coordinateur Technologies, normes et critères, à l’Organisation mondiale de la Santé, pour lui demander comment la collaboration avec l’ISO peut aider à promouvoir la couverture sanitaire universelle au XXIe siècle.

ISOfocus : La Journée mondiale de la santé est une occasion de sensibiliser aux principaux problèmes de santé mondiaux. Quel est le plus grand défi sanitaire auquel le monde est aujourd’hui confronté ?
Photo : François-Xavier Lery
François-Xavier Lery
François-Xavier Lery, Coordinateur Technologies, normes et critères à l’Organisation mondiale de la Santé.

François-Xavier Lery : Chaque année, la date du 7 avril marque la célébration de la Journée mondiale de la santé, conçue pour sensibiliser à un enjeu sanitaire classé au premier rang des préoccupations de l’Organisation mondiale de la Santé. À l’OMS, notre priorité absolue est la couverture sanitaire universelle (CSU), qui a émergé comme une stratégie clé pour progresser vers d’autres objectifs de développement liés à la santé de plus grande ampleur. Un pilier vital de la CSU est de veiller à ce que toutes les personnes aient accès à des soins essentiels de qualité et à des médicaments, vaccins et autres produits de santé sûrs, efficaces et abordables. Cela renforce la santé et l’espérance de vie des populations, protège les pays contre les épidémies, réduit la pauvreté et stimule la croissance économique.

À l’heure actuelle, au moins la moitié de la population mondiale est encore pratiquement ou totalement privée d’accès aux produits de santé, et une centaine de millions de personnes sont acculées à « l’extrême pauvreté » parce qu’elles doivent payer leurs soins de santé de leur propre poche. Tous les États Membres des Nations Unies ont pris l’engagement d’atteindre la couverture sanitaire universelle d’ici 2030, dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), le Programme mondial des Nations Unies pour un avenir meilleur et plus durable pour tous.

L’OMS participe à près de 60 organes techniques de l’ISO qui élaborent les normes ISO. Quels sont les avantages de cette participation pour l’OMS ?

Au fil des années, l’OMS a établi 180 critères et normes pour les médicaments, les vaccins et les produits pharmaceutiques. Ceux-ci sont utilisés, en particulier, pour les produits soumis au Programme OMS de préqualification des médicaments, qui veille à ce que les produits fournis par les Nations Unies soient d’une qualité et d’une efficacité garanties. Ce programme a apporté une contribution énorme pour améliorer l’accès à des produits de santé de qualité, abordables et adaptés aux marchés dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Dans certains domaines très techniques, tels que la conception et la fabrication des seringues, l’OMS collabore avec l’ISO, et s’appuie sur son travail, pour l’élaboration et la mise à jour des normes. Ce partenariat garantit que les normes conçues dans le cadre de l’ISO sont aptes à être utilisées par tous les pays, y compris ceux dans lesquels l’accès aux soins de santé demeure difficile. Ces pays n’étant pas toujours représentés au sein des comités techniques et des groupes de travail de l’ISO, l’OMS veille à ce que leur voix soit entendue afin que les produits de santé puissent être rendus accessibles à tous les patients du monde entier, tout en maintenant des normes mondiales.

Comment une plus grande collaboration/synergie entre l’ISO et l’OMS contribue-t-elle au Programme mondial 2030, en particulier l’ODD 3 (Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge) ?

La collaboration de l’OMS avec l’ISO peut faciliter la participation des décideurs, des fabricants et des professionnels de la santé des pays à revenu faible et intermédiaire aux travaux de normalisation de l’ISO pour faire progresser la santé publique. Le processus de normalisation rigoureux suivi par l’ISO étant parfois perçu par les acteurs de ces pays comme « très exigeant », une bonne coordination avec le concours de l’OMS devrait faciliter l’élaboration des normes ISO de manière inclusive. Le partenariat ISO-OMS fournit également une bonne interface entre les normes techniques et les exigences réglementaires, en vue de promouvoir l’accès à des produits de santé de qualité élevée.

Pourquoi l’adoption/l’utilisation des normes ISO est-elle si importante ?

Les normes ISO, tout comme les normes de l’OMS, sont faites pour être utilisées. Les parties prenantes, les parties intéressées et les organismes de normalisation investissent beaucoup de temps et d’énergie dans l’élaboration de ces normes de façon qu’elles s’appliquent de manière juste et équitable – du point de vue de la concurrence commerciale – à tous les protagonistes et qu’elles garantissent des produits et des services de qualité. L’adoption de ces normes est donc d’une importance décisive. L’utilisation appropriée des normes permet également de surveiller les produits et les services et d’assurer, en temps opportun, la révision des normes concernées. Comme l’ISO, l’OMS accorde une priorité élevée à la mise en œuvre des normes. Ainsi, notre nouveau plan quinquennal, le Programme général de travail 2019-2023, comprend des activités visant à mieux surveiller la mise en œuvre des normes et critères de l’OMS afin d’encourager leur impact positif sur les populations.

Quelles sont vos attentes, de la part de l’ISO ou d’ailleurs, pour voir se concrétiser l’ODD 3 dans un proche avenir ?

La couverture sanitaire universelle repose sur l’accès universel à des produits de santé de qualité, tout à la fois sûrs, efficaces et abordables. Sans assurance qualité des produits et services livrés aux patients, cela n’est pas réalisable. L’ODD 3 ne pourra être atteint que si toutes les parties prenantes – c’est-à-dire les décideurs politiques, les organismes de réglementation et les organisations normatives – des pays, régions et groupes professionnels travaillent ensemble. L’expérience a montré que cela n’est possible que lorsque la volonté politique est forte.

Elizabeth Gasiorowski-Denis
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Elizabeth Gasiorowski-Denis
Rédactrice en chef d'ISOfocus