De nouvelles villes où il fait bon vivre

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Mots clés : Développement durable
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Les villes intelligentes laissent présager pour lʼavenir une vie plus agréable et harmonieuse. Patricia McCarney, lʼanimatrice du groupe de travail de lʼISO sur les indicateurs urbains, nous fait part de ses réflexions sur les futurs besoins de nos villes, et explique lʼintérêt dʼune approche centrée sur le citoyen.

Lʼavenir de nos villes sera intelligent, non seulement lorsque les technologies de lʼinformation et de la communication (TIC) y régneront, mais aussi lorsque le recours aux TIC créera de nouveaux services pour les citoyens, améliorera ou remplacera les infrastructures, et stimulera la croissance économique. Cette approche centrée sur le citoyen changera notre façon de nous déplacer, de penser, de collaborer et de travailler: nous le ferons plus intelligemment, beaucoup plus intelligemment, même.

Patricia McCarney en connaît un rayon sur les villes intelligentes. Ce sujet occupe dʼailleurs une place centrale dans sa carrière. Aujourdʼhui, Mme McCarney est animatrice du groupe de travail sur les indicateurs urbains de lʼISO/TC 268, le comité technique de lʼISO sur lʼaménagement durable, Présidente-Directrice générale du Conseil mondial des données urbaines (WCCD) et Directrice du Global Cities Institute (GCI) à lʼUniversité de Toronto, au Canada. Elle nous parle ici de quelques-unes des tendances en matière de villes intelligentes, des enjeux, et explique en quoi les normes sont la plateforme qui permettra de les édifier.

ISOfocus : Il est de plus en plus question de villes intelligentes dans les projets urbanistiques du monde entier. Malgré la notoriété de lʼapproche, ce que lʼon entend par « ville intelligente » reste flou. Comment définiriez-vous ce concept ?

Patricia McCarney, Animatrice du groupe de travail GT2,
Indicateurs urbains
, de lʼISO/TC 268,
Aménagement durable
.
Photo : Ben Brook

Patricia McCarney : Avant de répondre, je tiens à vous remercier de me permettre de présenter cette importante initiative mondiale sur les villes intelligentes et le rôle directeur quʼy joue lʼISO en élaborant une nouvelle norme ISO sur les indicateurs urbains.

Le concept de ville intelligente est évolutif. La définition de travail quʼen donne le Groupe de consultation stratégique sur les villes intelligentes du Bureau de gestion technique de lʼISO est la suivante : une ville est dite intelligente dès lors quʼelle « [...] accélère le rythme de ses progrès sur les plans social, économique et de développement durable, face à des enjeux comme le dérèglement climatique, lʼessor démographique et lʼinstabilité politique et économique, en améliorant son rapport avec la société, ses méthodes de leadership collaboratif, la transversalité de son approche (au-delà des disciplines et systèmes urbains) et son utilisation des données et technologies modernes, pour fournir de meilleurs services et une meilleure qualité de vie à ceux qui lʼhabitent ou traitent avec elle, ainsi quʼaux générations prochaines, sans désavantager injustement dʼautres communautés, ni dégrader lʼenvironnement naturel ».

Cette définition résume les grandes lignes de la réflexion mondiale autour du concept et rend compte de lʼimportance fondamentale de lʼéquilibre entre les technologies de lʼinformation et de la communication (TIC) et la qualité de vie en milieu urbain. Elle a aussi le mérite dʼélargir le programme de travail, qui était dans un premier temps centré sur les TIC, en examinant maintenant comment la croissance et le potentiel considérables des TIC, avec les données urbaines et le big data, dont le rôle est immense, peuvent aider les villes à créer des cités plus vivables, plus efficaces dans la gestion de leurs ressources, où la prospérité est davantage distribuée.

Les TIC peuvent jouer un rôle clé en facilitant des utilisations plus intelligentes des ressources. Quelles conditions indispensables une ville intelligente doit-elle réunir pour atteindre les objectifs de durabilité économique et environnementale ?

Même sʼil est difficile de donner une liste exacte des prérequis qui permettront à la ville intelligente dʼatteindre ses objectifs de durabilité économique et environnementale, plusieurs villes montrent clairement la voie. Amsterdam, par exemple (lʼune des premières villes certifiées ISO 37120, Indicateurs pour les services urbains et la qualité de vie) entend par ville intelligente idéale, une ville concentrant ses investissements dans ses équipements et ses infrastructures de communications pour stimuler une croissance économique durable et assurer une haute qualité de vie, tout en utilisant efficacement les ressources naturelles. Le concept de ville intelligente évolue constamment, tout comme les technologies, les ressources et la recherche qui vont de pair. Mais la définition dʼAmsterdam semble très proche du résultat que visent les villes qui aspirent à devenir intelligentes.

Lorsque les villes mettent en œuvre des solutions fondées sur les TIC pour améliorer leur performance énergétique, elles doivent sʼappuyer sur des mesures de surveillance normalisées. Les enjeux sont de taille dans les villes.

Dʼaprès lʼIndex 2015 sur la productivité énergétique et la prospérité économique, les immeubles résidentiels et commerciaux représentent 31 % de la consommation dʼénergie mondiale. Dans une ville intelligente, lʼefficacité énergétique implique aussi des solutions intelligentes pour la conception et la construction des bâtiments, pour les compteurs et les capteurs des systèmes de chauffage et de climatisation, ainsi que pour lʼéclairage.

De pair avec les solutions de mobilité plus intelligentes, les villes ont un rôle central dans le programme mondial pour lʼefficacité énergétique. Les travaux de lʼISO/TC 268/SC 1, Infrastructures urbaines intelligentes, aident les villes à établir des solutions d’infrastructure plus ingénieuses. Les données nécessaires pour surveiller la performance des villes et établir des résultats pertinents impliquent des mesures normalisées. Tel est lʼobjectif principal des nouvelles normes que prépare lʼISO/TC 268/GT 2 spécialisé dans les indicateurs urbains. Avec des données normalisées à lʼéchelon mondial, les villes sont en mesure dʼéchanger et dʼapprendre les unes des autres.

Pourriez-vous citer quelques exemples de villes pionnières ? Quelles sont les enseignements tirés de lʼexpérience ?

Au Global Cities Institute (GCI) de lʼUniversité de Toronto, dont je suis la Directrice, et au Conseil mondial des données urbaines (WCCD), qui pilote le déploiement dʼISO 37120, nous observons que la plupart des villes de la Fondation WCCD font aujourdʼhui œuvre de pionnières dans le domaine. Toutes se sont attaquées au défi crucial que représente lʼamélioration de la qualité de vie des citoyens, tout en tenant compte de lʼenvironnement et du besoin de rentabilité.

Quant aux leçons tirées, nous avons évidemment fait quelques constats et observé, ces derniers mois, les premiers résultats de lʼadoption dʼISO 37120. Les villes préparent le terrain pour laisser librement éclore lʼinnovation. Parmi les 20 premières villes qui ont adopté la norme, beaucoup ont reconnu que la démarche en termes de données sʼinscrit dans la logique dʼinnovation quʼelles pratiquent.

À titre dʼexemples, on peut citer les pôles dʼinnovation, qui sont des espaces voués à lʼéclosion dʼidées dans tous les domaines : applications, start-up, habitats nouveaux et initiatives citoyennes. Il y en a à Londres (Urban Innovation Centre), à Dubaï (Dubai Innovation Hub), à Boston (Innovation District), à Barcelone (@22 Barcelona Lab) et à Los Angeles (Civic Innovation Lab). Ces laboratoires dʼidées propres aux villes mobilisent les connaissances du public pour cerner les problèmes locaux et les résoudre en utilisant les données disponibles dans leurs portails de données ouvertes. Lʼintégration des données urbaines ouvertes et de lʼinnovation est déterminante pour faire avancer le programme des villes intelligentes.

Chacune de ces villes a opté pour une approche « centrée sur le citoyen », une exigence des villes intelligentes que jʼai déjà évoquée, et a utilisé lʼintégration des technologies et des données pour créer de nouveaux services pour les citoyens, améliorer ou remplacer leurs infrastructures, et stimuler la croissance économique.

En quoi les normes ISO contribuent-elles au travail des chercheurs en urbanisme, des architectes, des concepteurs, des décideurs politiques, des développeurs, des économistes et des leaders de lʼindustrie dans le monde, et donc à la réussite des villes intelligentes ?

À lʼheure où les villes intelligentes gagnent du terrain partout dans le monde, les normes aident à mettre en place un langage commun que toutes les parties prenantes peuvent évaluer. Avec ISO 37120, le WCCD a révolutionné les Normes internationales pour les villes. Nous avons progressé dans lʼopérationnalisation de cette norme et avons créé un portail de données urbaines ouvertes dynamique et très visuel. Il permet à tout le monde – aux autorités locales comme aux lycéens – de comparer leur ville à dʼautres dans le monde, ce qui stimule une culture dʼéchange de connaissances et dʼinteraction directe.

70 %
Pourcentage de la population mondiale qui habitera en zone urbaine d'ici 2050

Avec ce partage des connaissances se met en place un nouveau système par lequel les villes instaurent des relations « para-diplomatiques » (au sens où elles sʼéchangent des connaissances et nouent des partenariats) en parallèle aux relations diplomatiques plus traditionnelles dites « douces », qui concernent le contact direct de personne à personne (par exemple un échange entre le Responsable Innovation de Boston et son homologue à Johannesburg sur une approche nouvelle et innovante en matière de logement). Cette nouvelle norme ISO sur les indicateurs pour les villes intelligentes facilitera le travail des chercheurs, des architectes, des concepteurs, des décideurs politiques, des développeurs, des économistes et des leaders de lʼindustrie dans le monde entier, car elle permettra la constitution de données urbaines normalisées qui contribueront à la réussite des villes intelligentes.

On présente lʼamélioration du fonctionnement des villes comme le meilleur moyen dʼaméliorer la vie de milliards de personnes dans le monde. En quoi les normes peuvent-elles stimuler lʼinnovation et contribuer à faciliter la vie des citadins ?

En 2007, la planète a pris la voie de lʼurbanisation – un phénomène caractéristique du XXIe siècle. Dʼici 2050, on prévoit que 70 % de la population mondiale habitera en zone urbaine. Les normes relatives aux villes aident ces dernières à mieux gérer et innover pour lʼavenir.

Au niveau local, les normes fournissent des exigences pour contrôler la performance technique et fonctionnelle. Elles veillent à ce que les technologies utilisées dans les villes soient sûres et efficientes. Les normes prennent également en compte les meilleures pratiques en termes dʼaffaires et de gestion optimale des ressources, ce qui aide à réduire lʼimpact environnemental et à améliorer lʼoffre de services aux citoyens.

Les Normes internationales comme celles que nous sommes en train dʼélaborer au sein de lʼISO/TC 268 améliorent les villes en leur donnant une plateforme commune pour communiquer et échanger des connaissances. ISO 37120 donne ainsi aux villes un ensemble dʼindicateurs, avec des définitions cohérentes et normalisées et des méthodologies, qui leur permet de communiquer et dʼapprendre les unes des autres. Comme les villes sont de plus en plus nombreuses à travailler avec le WCCD en adoptant ISO 37120, le dialogue mondial sʼélargit et sʼintensifie pour rendre également compte des spécificités régionales.

Cet échange entre les villes a un effet catalyseur : il stimule lʼapprentissage et lʼamélioration continus des services urbains pour une meilleure qualité de vie. Au final, jʼai la conviction que les normes aident à identifier les lacunes dans les services et quʼavec la mise à contribution active des citoyens, des groupes dʼaction et du secteur privé, elles libèrent lʼinnovation.


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Elizabeth Gasiorowski-Denis

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