Le sujet brûlant de la sécurité incendie

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Même là où on s’y attend le moins, aucun lieu n’est jamais à l’abri d’un incendie. Les pertes causées chaque année par les incendies étant estimées dans l’ensemble à 1% du PIB, il importe donc d’aborder la question de la sécurité incendie dans une perspective plus large de management du risque et d’atténuation des désastres.

 

Les activités de sécurité incendie concernent essentiellement le secteur du bâtiment, mais il est aussi utile de se prémunir contre les incendies dans d’autres domaines importants, comme les transports, l’industrie, les forêts ou les zones urbanisées. Il existe des normes permettant de réduire le risque d’incendie, de gérer les sinistres et de protéger la vie humaine. Ces normes s’inscrivent dans une stratégie de sécurité incendie.

Patrick Van Hees, Président du comité technique ISO/TC92, Sécurité au feu, explique les défis qui se posent dans ces domaines et à quel point les Normes internationales y jouent un rôle primordial. Il met également en évidence tout le travail à accomplir dans des domaines qui n’ont pas encore été abordés dans cette optique.

La sécurité incendie vise la réduction des risques pour les personnes, les biens et l’environnement. Quelles sont les principales difficultés en jeu ?

La principale difficulté tient peut-être à la sécurité incendie en tant que telle, quels qu’en soient les enjeux – sécurité des personnes, des biens, de l’environnement, du patrimoine historique ou de l’activité industrielle. Il faut qu’elle devienne l’une de nos priorités car c’est trop souvent a posteriori que l’on s’en occupe, une fois que le mal est fait.

Quel que soit le secteur considéré, l’enjeu de la protection des personnes, compte tenu du vieillissement des populations et de la concentration démographique dans des zones fortement densifiées, est de plus en plus lié aux modes de comportement. En ce qui concerne la protection des biens, il faut veiller à garantir le même niveau de sécurité pour toutes les nouveautés technologiques et tous les produits et matériaux innovants mis en service.

Priorité « numéro un » partout dans le monde, l’environnement doit être protégé contre les incendies et nous devons être sûrs de disposer des mesures et des normes adéquates. On oublie souvent que les incendies polluent pratiquement autant que les centrales électriques ou les voitures, il est donc essentiel, pour la protection de l’environnement, de réduire le risque d’incendie.

La sécurité incendie doit devenir une priorité car on s’en occupe trop souvent a posteriori.

Le secteur de l’ingénierie de la sécurité incendie se spécialise de plus en plus. Quels avantages les normes ISO peuvent-elles apporter sur ce marché ?

Les spécialistes de la sécurité incendie utilisent déjà des normes ISO, mais ce secteur développe effectivement de nouveaux outils et de nouvelles méthodes qui nécessitent clairement la mise au point de normes sur lesquelles tout le monde s’accorde. L’ISO a joué un rôle de premier plan en mettant au point de nombreuses normes dans le domaine et il est important que les acteurs nationaux et régionaux s’y réfèrent avant d’en élaborer de nouvelles.

Faut-il maintenant étudier de près la sécurité incendie aux niveaux des transports, des incendies industriels ou des incendies de forêt ? Quels y sont les principaux enjeux et quelles normes seraient utiles ?

La prévention de la propagation des feux entre le milieu naturel et les zones d’habitation est un domaine important à normaliser. L’ISO devrait s’y engager, même s’il est difficile de trouver des experts prêts à prendre l’initiative de tels travaux. C’est pourtant au niveau mondial que nous devons nous assurer de disposer des méthodes adéquates pour surveiller les incendies de forêts, prévoir leur propagation et en limiter les conséquences désastreuses, mais aussi pour protéger les personnes, les biens et l’environnement.

Les incendies industriels sont un autre domaine de normalisation à envisager. Compte tenu de la diversité des activités, l’ingénierie de la sécurité incendie fondée sur les risques a besoin de renfort et de méthodes permettant d’obtenir des données pour l’analyse des risques.

Bon nombre de nos normes devraient aussi être appliquées à certains sous-secteurs des transports comme les voitures, les autocars, les trains, les bateaux et les avions. L’Organisation maritime internationale (OMI), qui a fait à plusieurs reprises appel à l’ISO pour des normes à élaborer, renvoie du reste à différentes normes ISO dans son Code des méthodes d’essai au feu.

L’analyse de rentabilité est aussi un aspect essentiel dans sécurité incendie. Des études récentes ont mis en évidence les avantages des mesures de protection et le sujet pourrait aussi se prêter à des travaux de normalisation ISO.

Les besoins et les priorités de la sécurité incendie sont-ils identiques dans les pays développés et dans le pays en développement ?

Il y a en effet une différence. Les pays développés se focalisent plutôt sur des normes régionales, voire nationales, alors que les pays en développement ont davantage besoin de Normes internationales. Le processus de normalisation prend du temps et l’ISO est un forum idéal pour obtenir un consensus dans des délais acceptables. Il est également important qu’un plus grand nombre de pays, développés ou en développement, s’engagent au niveau mondial.

Tous les pays ont des règlements en matière de sécurité incendie. Comment s’articulent les Normes internationales et la réglementation nationale ? Comment les Normes internationales peuvent-elles jouer un rôle à l’échelon national, et dans quels secteurs ?

Patrick Van Hees, président de ISO/TC 92, Sécurité au feu.

Il y a de très nombreux exemples de référence aux normes ISO dans les réglementations nationales et régionales. Mais ce qui compte ici c’est de mettre en avant les Normes internationales qui peuvent jouer un rôle dans de nombreux secteurs de l’industrie et dans la réglementation.

Les normes ISO sur la sécurité incendie sont souvent utilisées au niveau national ou régional à des fins de réglementation.

Les normes européennes pour les essais relatifs à la réaction au feu des matériaux de construction offrent à cet égard un bon exemple. Les méthodes d’essai des Euroclasses s’appuient sur plusieurs normes ISO dont l’initiative a été lancée par – ou en coopération avec – l’ISO/TC 92. Ces méthodes forment une base pour la classification et les normes de produits en Europe.

Ainsi, en règle générale, en ce qui concerne la réaction au feu des matériaux, bon nombre des normes de produits sur lesquelles est fondé le marquage CE sont liées à des normes ISO. Un exemple à garder en tête pour élargir à d’autres domaines la normalisation en matière de sécurité incendie !

Pour en savoir plus sur le sujet ou pour apporter votre expérience au comité, prenez contact avec le membre de l’ISO dans votre pays.

Des faits et des chiffres

  • Le coût économique annuel total des incendies atteint près de 1 % du PIB
  • Plus de 50 % de ces coûts sont imputables à 1 % des incendies
  • Le taux médian de morts par incendie est de 2,2 pour 100 000 habitants (estimation sur 35 pays)

    Sources: Association internationale des services d’incendie et de secours, Statistiques incendie, Section genevoise


      Sandrine Tranchard
      Sandrine Tranchard

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